Le projet Marat/Sade est une adaptation inédite et risquée de la pièce originale de Peter Weiss « La persécution et le meurtre de Jean-Paul Marat interprétée par la troupe théâtrale de l’EHPAD de Charenton sous la direction du Marquis de Sade », qui intègre des éléments dramatiques d’Artaud et de Brecht et se rapproche du « théâtre de la cruauté ». Il tente de libérer les énergies refoulées de l’être humain, d’effacer les limites entre la scène et le public et de stimuler de nouvelles sensations.

Un Marat/Sade qui joue de l’espace public comme d’un catalyseur, présentant l’œuvre comme une expérience suffocante. Le spectateur retrouve son espace quotidien transformé par l’action et par la masse. Si vous avez assisté à une manifestation avec des altercations, vous pouvez constater certaines similitudes. Vous connaissez l’espace mais vous ne savez pas où vous pouvez vous déplacer en toute sécurité, vous savez que quelque chose se passe, vous savez aussi à quoi il réagit, mais vous ne savez pas exactement ce qui se passe. Vous luttez entre le militantisme, la curiosité et la peur. Une adaptation libre qui s’éloigne de l’humour de l’œuvre originale, allongeant avec effusion la proposition précédente, recréant la mise en scène de la terreur, décontextualisée et anachronique. Reprenant le meurtre de Marat plus que comme un résultat, comme un maillon d’une spirale suggérée. Remplacer le débat dialectique par l’expérience expérientielle.

Ce Marat/Sade propose une approche multi-lectures de la narration. Chaque petit groupe de spectateurs bénéficie d’une partie limitée de l’œuvre qui est complétée par une partie commune à tous les spectateurs. Jouant avec la polarisation de l’espace, le public se positionne, change de place. Trouvez votre place pendant que le conflit ne cesse pas. À mort. Les personnages sont des noyaux qui rassemblent les masses, les courants, les conflits intérieurs en chacun de nous soulevés et confrontés. L’œuvre elle-même comme débat interne de l’être humain individuel. Marat/Sade est une représentation sanglante de la souffrance humaine qui pose la question de savoir si la véritable révolution passe par un changement de société ou par un changement de soi-même.